Apprentissage coopératif

Qu'est-ce que l'apprentissage coopératif?

A. Autres appellations

Pédagogie de la coopération, approche coopérative.


B. Description

L’apprentissage coopératif est une méthode de travail en petits groupes d’apprenants qui cherchent à atteindre un but commun.

Elle est basée sur l’hétérogénéité du groupe, l’interdépendance positive des coéquipiers, et également leur responsabilité individuelle en tant que personne et en tant que membre du groupe.

Elle se différencie ainsi d’un travail en équipe plus général par le fait que les compétences de chaque membre sont mutuellement complémentaires, et qu’ils endossent tous des objectifs et une méthode de travail préétablie dont ils se considèrent comme mutuellement responsables : des rôles et responsabilités propres à chaque membre sont ainsi attribués.


C. Explication des liens avec les théories de l’apprentissage

L’apprentissage coopératif s’ancre dans le socioconstructivisme par sa dimension interactive liée aux interactions sociales : esprit d’équipe, construction des connaissances par échange, confrontation des idées et partage, regroupement hétérogène, responsabilisation.

928569_reaching_hands.jpgIl le rappelle également par sa dimension interactive via le milieu : proposer une tâche qui représente un défi sans paraître insurmontable, leur présenter des outils méthodologiques, leur montrer l’importance de cette tâche et de cette méthode en lien avec leur formation.
Également, les stratégies cognitives sont mobilisées : selon Piaget, Abrami, les interactions en petits groupes influent sur les processus cognitifs des membres de l’équipe. 
Aussi, l’étudiant sera également amené à réfléchir sur sa démarche d’apprentissage : il vit lui-même les situations afin de mieux les comprendre. Les stratégies métacognitives sont également développées. Enfin, d’autres préfèrent parler du paradigme de « l’intelligence collective » (Bernatchez), idée proche du néo-constructivisme de Vygotsky : « La vraie direction du développement ne va pas de l’individu vers le social, mais du social vers l’individu »


D. Contextes appropriés

  • Cette méthode peut s’adapter à des apprenants de tous âges : efficace dès le primaire, également recommandée pour les adultes.
  • Peut potentiellement couvrir toute discipline.
  • Méthode appropriée pour développer les habiletés réflexives
  • Très efficace pour développer les stratégies cognitives
  • Les stratégies métacognitives sont également mobilisées : sens critique, autoévaluation, objectivation
  • Favorise évidemment le développement des habiletés interpersonnelles
  • Terrain très favorable à la mise en place d’une stratégie d’auto- et co-évaluation à l’échelle de l’équipe de travail.
 

E. Possibilités d’utilisation des technologies de l’information

  • [Vidéoconférence] celle-ci préserve la transmission des communications verbales et non-verbales, peut s’établir entre tous les membres de l’équipe de travail, et permet l’échange de documents virtuels, des points essentiels pour cette méthode d’enseignement. Son atout : elle efface les distances.
  • [courriels, forums, Wikis] bien qu’imparfaits car non-porteurs de certains vecteurs de communications, et asynchrones, ils sont tellement pratiques à mettre en place qu’ils sont incontournables.
  • [plateformes pédagogiques] Se présentent comme des environnements intégrés qui incluent des outils présentés ci-dessus, pour une micro-communauté d’apprentissage.
  • [collecticiels] Logiciels spécifiquement dédiés à être utilisés pour l’apprentissage coopératif et/ou collaboratif. On parle de « Computer Supported Cooperative Learning », ils peuvent être synchrones ou asynchrones. On parle alors d’apprentissage coopératif virtuel, et l’on rejoint les concepts de mémoire collective.

F. Avantages de cette méthode

Pour les étudiants :

  • Crée un sentiment d’appartenance au groupe, accroit les relations sociales.
  • Favorise le leadership, la confiance en soi, et développe les responsabilités individuelles.
  • Les étudiants sont en partie maîtres du plan de cours, se sentent plus engagés dans leurs études.
  • Pousse à la pratique des habiletés réflexives, l’autoévaluation, l’autocritique.

Pour l’enseignant :

  • Un bon moyen de tirer profit de l’hétérogénéité d’un groupe d’étudiants.
  • Couvre un large éventail du spectre des savoirs (savoir, savoir-être et savoir-faire).
  • Activité pédocentrée, où l’enseignant servira plus de guide que d’acteur.

 

G.  Désavantages de cette méthode

Pour les étudiants :

  • Peut provoquer une dépendance chez l’étudiant en cas d’excès de cette formule, puis solitude et abandon hors soutien de ses pairs.
  • Un étudiant trop timide pourrait s’effacer ou être réticent à la formule d’apprentissage.
  • Leader négatif : un tel étudiant détruirait la dynamique du groupe.

Les désavantages ne viennent pas directement de la méthode, mais plutôt du haut degré d’organisation qu’elle requiert. Ainsi, si les équipes sont mal faites, si le temps manque, si la tâche demandée est inadaptée, aux capacités des étudiants, (certains rôles sont plus importants et signifiants que d’autres), l’exercice peut causer frustration et démotivation.

Pour l’enseignant :

Requiert beaucoup de minutie dans la préparation, ce n’est pas la méthode idéale pour l’improvisation.

  • Gérer les différentes formes d’évaluations à intégrer à la formule.
  • Peut requérir une formation initiale.
  • Nécessite une mise en place d’un climat de travail favorable.

 

H. Conseils pratiques et conditions d’utilisation efficace de la méthode

  • Commencer en groupes restreints (3 à 4 individus), l’activité peut voir les groupes grossir après.
  • Prévoir l’espace physique et le matériel en conséquence : tables et chaises mobiles ? ordinateurs ? accès internet ?
  • S’arranger pour un maximum de critères de mixité dans chaque groupe : sexe, nationalité, niveau, caractère, etc., et un maximum de similitudes intergroupe.

 

 Références

Abrami, P. C., & Ethier, C. (1996). Lʼapprentissage Coopératif: Théories, Méthodes, Activités (p. 233). Montréal: Éditions de la Chenelière.


Aylwin, U. (1994). Le travail en équipe : pourquoi et comment ? Pédagogie collégiale, 7(3), 28-32. Récupéré le 30 Juin 2011 dehttp://www.cdc.qc.ca/ped_coll/pdf/aylwin_ulric_07_3.pdf.

Bernatchez, P.-A. (2000). « La recension des écrits », dans Attitude Proactive, Participation Et Collaboration À Des Activités Dʼencadrement (p. 256). Montréal: Université de Montréal. Récupéré le 30 Juin 2011 de http://wwwlib.umi.com/cr/umontreal/fullcit?pNQ62085.

Chamberland, G., Lavoie, L., & Marquis, D. (1995). 20 Formules Pédagogiques. Collection Formules pédagogiques. Sainte-Foy: Presses de lʼUniversité du Québec.

Derycke, A. (2002). Apprentissage coopératif en ligne : les apports de la recherche. Actualité de la formation permanente, (179), 71-73. Centre Inffo. Récupéré le 19 Août 2011 de http://cat.inist.fr/?aModele=afficheN&cpsidt=13917409

Dubois, L., & Dagau, P.-C. (n.d.). Lʼapprentissage coopératif. Récupéré le 7 Juillet 2011 de http://tecfa.unige.ch/~laurent/didact/cooperation.htm.

Felder, R. M., & Brent, R. (2001). Effective strategies for cooperative learning. Journal of Cooperation & Collaboration in College Teaching, 10(2), 69–75. Citeseer. Récupéré le 19 Août 2011 de http://citeseerx.ist.psu.edu/viewdoc/download?doi=10.1.1.167.7559&rep=rep1&type=pdf

Nevin, A. I., Thousand, J. S., & Villa, R. A. (1998). La Créativité Et Lʼapprentissage Coopératif (p. 606). Montréal : Logiques, c1998.

Merci à Michèle Martin, Émilie Moquin et Sandie Letendre, Zineb Mossaddik et Marie-Élaine Mineau, Vincent Blais et Marie-Élaine Boucher pour leurs travaux dans le cadre du cours PPA6015.

Résumés des références pertinentes

1. Aylwin, U. (1994). Le travail en équipe : pourquoi et comment ? Pédagogie collégiale, 7(3), 28-32. Récupéré le 30 Juin 2011 dehttp://www.cdc.qc.ca/ped_coll/pdf/aylwin_ulric_07_3.pdf.

Cet article donne un très bon aperçu du fonctionnement de l’apprentissage coopératif, en explicitant ses deux modes les plus répandus (Puzzle et Points bonis sur la performance). De plus, il explique les avantages d’utiliser cette méthode : motivation, maintien de l’attention, l’hétérogénéité, lier l’apprentissage et le marché du travail, approfondir l’apprentissage. Aussi, il décline les trois piliers essentiels de la méthode pour les étudiants : l’interdépendance positive, la responsabilité des membres, et l’hétérogénéité du groupe. Il nous présente également des conditions d’efficacité. Enfin, il donne des exemples de rôles attribuables à chaque membre du groupe.

Mots-clés : Apprentissage coopératif ; avantages ; conditions d’efficacité ; caractéristiques ; fonctionnement ; défis ; rôles

2. Bernatchez, P.-A. (2000). « La recension des écrits », dans Attitude Proactive, Participation Et Collaboration À Des Activités Dʼencadrement (p. 256). Montréal: Université de Montréal. Récupéré le 30 Juin 2011 de http://wwwlib.umi.com/cr/umontreal/fullcit?pNQ62085.

En s’appuyant sur Aubé, Lévy, ou Lundgren-Cayrol, Bernatchez lie l’apprentissage coopératif au constructivisme et à une certaine forme « d’intelligence collective ».

Également, en une vingtaine de pages, il brosse un tableau sommaire mais complet de la méthode, nous fournit définitions, éléments clés, et déclinaisons possibles.

Mots-clés : Apprentissage coopératif ; définition ; théories de l’apprentissage ; caractéristiques

3. Felder, R. M., & Brent, R. (2001). Effective strategies for cooperative learning. Journal of Cooperation & Collaboration in College Teaching, 10(2), 69–75. Citeseer. Récupéré le 19 Août 2011 de http://citeseerx.ist.psu.edu/viewdoc/download?doi=10.1.1.167.7559&rep=rep1&type=pdf

Petit guide d’apprentissage coopératif sous forme de questions/réponses avec les deux auteurs, qui partagent leurs trucs et conseils pratiques après des années d’expériences.

Mots-clés : apprentissage coopératif ; questions/réponses ; recommandations ; trucs et conseils

4. Derycke, A. (2002). Apprentissage coopératif en ligne : les apports de la recherche. Actualité de la formation permanente, (179), 71-73. Centre Inffo. Récupéré le 19 Août 2011 de http://cat.inist.fr/?aModele=afficheN&cpsidt=13917409

Court entretien avec le professeur et chercheur Alain Derycke qui brosse une perspective des opportunités entre l’apprentissage coopératif et les TIC.